Guillaume Lepers : « Les vieilles promesses de la gauche »

[La Dépêche, 22 avril 2015]

Successeur d’Alain Merly à la tête de l’opposition, vous vous inscrivez dans la ligne de conduite de votre prédécesseur ou avez-vous choisi de donner un ton différent, comme l’a laissé entendre votre première intervention dans l’hémicycle ?

Sur le fond, je m’inscris dans la lignée d’Alain Merly qui, quoi que certains en disent, a été un très bon chef de l’opposition et un excellent capitaine de notre liste d’union pour les départementales. Nous partageons la même analyse d’un Département asphyxié financièrement et d’une politique socialiste qui ne répond pas aux enjeux du territoire, en particulier dans le domaine économique. S’il y a un changement, il sera sans doute lié à la différence de génération : je suis par exemple très attentif aux évolutions liées au numérique et aux nouvelles formes d’innovation.

Christine Bonfanti-Dossat maire UMP de Lafox a dit au lendemain du second tour des élections départementales, « place aux jeunes ». La droite départementale battue est-elle à cause de ses dissensions « la plus bête du monde » ? 

Les dissensions, il y en a dans tous les départements et dans toutes les familles politiques. Et la gauche lot-et-garonnaise ne fait pas beaucoup mieux que la droite, comme elle l’a d’ailleurs démontré sur mon canton. Par contre je suis d’accord avec Christine sur l’importance de laisser la place aux jeunes : nous avons besoin de renouveler nos cadres, non pas pour l’image, mais surtout pour apporter des idées neuves et peut-être une autre façon de faire de la politique.

Vous dites vouloir attendre la majorité au tournant de ses promesses de campagne. Par quelle(s) face(s) comptez-vous l’attaquer ?

Le programme de la gauche était flou et incantatoire. Il prévoyait de faire 38 millions d’euros d’économies en recentrant notamment l’action du Département sur ses compétences obligatoires, mais sans dire dans quelles compétences on devait tailler. Ce n’est pas sérieux ! La gauche nous a aussi ressorti ses vieilles promesses, toujours annoncées mais jamais réalisées : la modernisation du MIN, la déviation de Casteljaloux, le “Pass’sport, etc. Nous rappellerons à la gauche ses promesses chaque fois que ce sera nécessaire.

Le budget du conseil départemental doit être voté le 24 avril. Que trouvez-vous à y redire ?

Il y a un grand décalage entre ce qui est dit et la réalité. La gauche nous dit qu’elle maintient une politique d’investissement dynamique, mais ses dépenses d’investissement continuent de baisser. Et elles chutent en particulier pour le développement d’infrastructures qui pourtant devrait être prioritaire. Je ne nie pas le contexte financier difficile pour le Département comme pour l’ensemble des collectivités. Mais il faut arrêter de masquer la réalité et prendre les décisions nécessaires pour retrouver des marges de manœuvre financières. C’est le courage qui manque à la gauche.

Quelle lisibilité avez-vous du rôle de la collectivité après la réforme des conseils départementaux et leurs nouvelles compétences ?

Justement aucune. Les Français ont dû élire des conseils départementaux dont ils ne connaissent toujours pas les compétences. Un comble ! La version initiale du projet de loi prévoyait notamment de faire passer à la région les routes, les collèges et le développement économique. Mais certaines compétences pourraient être déléguées par la région au département… On est en train de construire une nouvelle usine à gaz qui ne fera rien avancer. Pire, cette réforme risque de complexifier un mille-feuille territorial déjà bien difficile à comprendre.

Vous avez 37 ans, vous avez un poste de cadre au sein de Gifi, vous êtes le nouveau patron de l’opposition. Votre ambition, politique, va-t-elle jusqu’aux portes des élections municipales 2020 à Villeneuve sur Lot ?

Je ne veux pas brûler les étapes. Je souhaite d’abord me consacrer à mon nouveau rôle de conseiller départemental et de chef de l’opposition. Mais je suis évidemment très attaché à Villeneuve et très attentif à l’évolution de la ville. Patrick Cassany mène une politique clanique et clientéliste, qui sert plus ses intérêts que ceux des Villeneuvois. J’ai compris dès notre élection qu’il n’entendait pas travailler avec moi pour faire avancer les dossiers villeneuvois. Il faudra, le moment venu, construire une équipe cohérente et dynamique pour remettre de l’ordre à Villeneuve.

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