Budget primitif 2019 : pour les Lot-et-Garonnais, encore la double peine !

Discours de Guillaume Lepers, Président du groupe L’Avenir ensemble, lors de la session du budget primitif du  5 avril 2019.

 

Monsieur le Président,
Chers collègues,

 

Permettez-moi, tout d’abord, de souhaiter officiellement la bienvenue au sein de notre Conseil Départemental à Alain PICARD, nouveau conseiller du canton du Val du Dropt. Je lui souhaite de trouver rapidement sa place dans notre collectivité.

 

Monsieur le Président, lors de la session de débat d’orientations budgétaires, le mois dernier, j’avais choisi de ne pas faire de commentaires particuliers sur les décisions budgétaires de votre majorité, ni sur votre gestion financière de la collectivité. Un choix volontaire tant les perspectives présentées me paraissaient pauvres.

Malheureusement, aujourd’hui, la présentation du budget primitif ne vient que confirmer ce sentiment initial. Tout comme le rapport d’orientations budgétaires, ce budget pourrait se passer de remarques car en réalité, il ne revêt aucune ambition pour notre Département.

L’an dernier, un élu du territoire ironisait sur votre budget en le qualifiant « de budget anémique pour une collectivité impotente ». Il avait bien raison et cette année encore la situation se répète.

J’aurai pu choisir également de commenter durant de longues minutes, lignes par lignes, les documents que vous nous avez transmis. Relever le niveau toujours très bas de l’investissement sur nos routes malgré le léger effort annoncé, souligner la nouvelle baisse appliquée à l’enveloppe des aides aux communes, regretter le poids des dépenses sociales toujours aussi important ou encore vous rappeler la nécessité de généraliser des mécanismes d’évaluation afin d’optimiser les bénéfices de chaque euro dépensé.

Je n’en ferai rien.

Pour tout vous dire, en réalité, ce budget m’inquiète quant à l’avenir de notre collectivité et ses capacités à contribuer réellement au développement du territoire.

Heureusement, les acteurs privés, eux, répondent bien présents et engagent des millions d’euros d’investissement en Lot-et-Garonne. Des millions d’euros que vous comptabilisez, d’ailleurs, régulièrement à votre actif. C’est tout de même particulièrement culotté ! A vous écouter, jamais l’investissement dans le Lot-et-Garonne n’aura été aussi important. Mais est-ce grâce à vous ?

 

Au delà de ce constat, permettez-moi, tout de même deux remarques sur ce budget primitif 2019.

 

Tout d’abord, je voudrais partager avec vous ma déception à la lecture des montants que le Département du Lot-et-Garonne touchera en terme de péréquation cette année. Avec une somme globale quasi identique à l’an passé (un peu plus de 12 M€), nous sommes bien loin des besoins et des attentes qui étaient les nôtres.

Encore un fois, nous ne sortirons pas gagnant de cette redistribution. Trop riche pour capter les aides interdépartementales et nationales, trop pauvre pour dégager des marges de développement, notre collectivité est malheureusement encore victime de sa position de département dit « intermédiaire ».

Après des mois d’échanges au sein de l’Assemblée des départements de France (ADF) et de dialogue avec l’Etat, malgré la mise en place de nouveaux dispositifs, le résultat est là : le Lot-et-Garonne ne bénéficiera pas des nouveaux critères mis en place. Nous serons, encore et toujours, les « grands oubliés ».

Vous nous avez, pourtant, si souvent parlé de votre « action » sur le sujet. Votre position, proche du pouvoir il fut un temps, puis maintenant membre du bureau de l’ADF, aurait dû vous permettre d’obtenir davantage. Or, la réalité est finalement bien décevante. Vous avez certainement obtenu un peu plus pour les autres, mais, en ce qui nous concerne, le Lot-et-Garonne ne verra pas la couleur de cette nouvelle distribution. Dommage. Encore un rendez-vous raté.

 

Ma deuxième remarque est un coup de gueule concernant vos mauvaises manières. Ce n’est pas la première fois et cela ne sera certainement pas la dernière que je proteste en ce sens. Mais, honnêtement, comment pouvez-vous vous permettre d’écrire de telles inepties dans vos documents budgétaires ?

Rapport de présentation du budget primitif 2019, je cite :

« Certes, le recours au levier fiscal en 2017, pour financer le reste à charge des AIS insuffisamment compensé par l’Etat, a contribué à la stabilisation de la situation financière du Département. Mais l’effort demandé aux Lot-et-Garonnais aurait été insuffisant s’il n’avait pas été conjugué aux importants efforts réalisés en matière de maîtrise des dépenses de fonctionnement. »

Etes-vous réellement sérieux ?

Mieux encore, dans votre courrier aux Maires du 28 mars dernier :

« Nous abordons en Lot-et-Garonne l’année budgétaire 2019 avec sérénité. Ce n’est pas le fait du hasard. Les choix faits dans le cadre de la refondation de nos politiques publiques portent aujourd’hui leurs fruits. En procédant de la sorte, nous avons en 2018 replacé nos finances sur une bonne trajectoire. »

Votre aplomb et votre arrogance ne semblent pas avoir de limites !

Permettez-moi donc de préciser les choses, Monsieur le Président. L’augmentation d’imposition de 20% que vous avez adoptée en 2017 dégage plus de 16 M€ de recettes supplémentaires par an. Et c’est bien cela qui permet au Département d’exercer encore ses compétences.

Ne nous y trompons pas ! Vous pouvez jouer sur les termes pour masquer vos désengagements. Mais en vérité ce que vous appelez des « importants efforts réalisés en matière de maîtrise des dépenses de fonctionnement », ce sont bien les coupes budgétaires que vous avez actées sur le dos des associations, des communes, des particuliers ou encore des acteurs économiques de notre territoire.

Rien que depuis 2017, c’est plus de 5 régimes d’aide qui ont été supprimés allant du Pass’ Bonne Conduite aux aides au fonctionnement des structures d’accueil collectif des enfants de moins de 6 ans en passant par certains régimes de subventions au monde associatif. Tout cela, bien évidemment, sans compter les baisses observées sur les enveloppes encore existantes.

Vos véritables efforts de gestion, quant à eux, représentent, en réalité, moins de 2M€ par an, à peine 6€ par habitant et ce, depuis 2017 seulement. Une paille à côté de l’effort, lui, particulièrement important, que vous demandez, chaque année, aux lot-et-garonnais. L’augmentation d’imposition représente, en moyenne, près de 160€ euros de plus à payer par an pour les contribuables.

Ce sont donc bien nos concitoyens qui paient pour stabiliser la situation financière de notre collectivité. Baisse de l’engagement financier du Département, hausse des impôts fonciers : pour les Lot-et-Garonnais c’est la double peine !

Votre communication, Monsieur le Président, est irrespectueuse des contribuables. Des petites phrases ou des déclarations dans ce genre, je pourrais en citer des dizaines. De toute évidence, vous êtes meilleur en communication qu’en comptabilité !

Néanmoins, soyez en sûrs, les Lot-et-Garonnais ne sont pas dupes ! Chaque année, ils font face à la réalité au moment de payer leurs impôts. Chaque année, aussi, ils constatent le désengagement progressif du Conseil Départemental dans leur quotidien et dans le développement du territoire.

Je vous remercie.