Bricolage et mascarade, les deux mamelles de la nouvelle réforme territoriale

Après nous avoir fait l’apologie de la boîte à outils, François Hollande passe aux travaux pratiques et nous propose son chef-d’œuvre du week-end. Les plus complaisants resteront très mesurés, mais les plus sincères, de quelques bords politiques qu’ils soient, se désolent et s’insurgent contre les annonces du bricoleur du dimanche.

Un chantier bien mené est un chantier préparé. Hélas point d’architecte dans cette réforme, caractérisée par une incroyable impréparation et un manque de vision à long terme.

Ce qui marque le plus cette impréparation, c’est le sort réservé aux départements. Comment ne pas être sarcastique devant les atermoiements de François Hollande sur l’avenir des conseils généraux ? Après les avoir rétabli en 2013, il annonce leur suppression en 2014, avant d’opérer une dernière reculade hier en renonçant à cette suppression.

On ne sait même pas quelles seront les compétences encore dévolues à ces conseils généraux dans quelques mois ! Deviendront-ils une coquille vide, aux compétences réduites, tout simplement parce que François Hollande n’a pas eu le courage d’engager une modification constitutionnelle ?

Tout cela n’est pas sérieux : on ne peut mener une réforme aussi importante pour l’avenir de nos territoire avec autant de précipitation et d’amateurisme.

Au final, cette réforme territoriale porte bien le sceau de ce gouvernement : le manque de courage. François Hollande n’a pas eu le courage de faire face aux oukases de certains présidents de régions et ministres qui refusaient le découpage régional proposé. Il n’a pas eu le courage de supprimer les conseils généraux, parce que le coût politique de cette suppression aurait été pour lui trop lourd à payer. Il n’a pas eu le courage, enfin, de rétablir le conseiller territorial qui apparaissait comme la seule réforme viable pour la représentation de nos territoires.

Cette nouvelle réforme territoriale est une mascarade institutionnelle, qui contribue à motiver la défiance croissante de nos concitoyens à l’égard du politique.